Digitale Édito : Des PDI au travail pour sauvegarder leur dignité

Ils sont nombreux, des déplacés internes qui ont élu domicile à Kongoussi depuis quelques années. Vivant dans une situation humanitaire difficile, des structures privées et étatiques ainsi que des particuliers leurs apportent de l’assistance. Mais comme le dit un adage du terroir moaga: Ib sãã n zẽdgdif poor bif zẽdgif pʊga. Littéralement traduit en français cela donne approximativement ceci : si on t’aide à laver le dos, lave-toi le ventre. De nombreuses personnes déplacées internes à Kongoussi l’ont si bien comprend. Certaines ont préféré continuer avec le métier qu’elles exerçaient dans leurs villages d’origine. D’autres par contre, apprennent de nouveaux métiers. Ainsi on les retrouve dans le commerce général, la restauration, la mécanique, la soudure, le maraîchage entre autres. Il n’est pas rare de rencontrer dans la ville de Kongoussi,des adolescents déplacés se promener avec des outils de cirage pour chaussures. On assiste alors à une densification de l’activité économique notamment commerciale. Mais paradoxalement la rentabilité laisse à désirer : les activités commerciales qui se menaient dans les villages se sont retrouvées en ville tandis que le pouvoir d’achat s’est affaibli. L’une des principales causes de cet état de fait est l’arrêt de l’exploitation de certains sites d’orpaillage majeurs de la province du Bam, dont celui de Alga localisé à 40 km au nord de Kongoussi.
Le moins que l’on puisse dire est que les déplacés internes qui ont pu garder leurs activités économiques et/ou exercent de nouveaux métiers arrivent à subvenir à certains besoins de leurs familles, en attendant d’éventuelles assistances. Chapeau donc à tous ces hommes et femmes déplacés internes qui ont refusé de croiser les bras pour attendre l’assistance humanitaire. De passage aux abords du lac Bam l’un des weekends du mois de février, nous avons été émerveillés par l’engagement des déplacés internes dans les périmètres maraîchers où ils sont, soient des sous-exploitants ou des ouvriers agricoles. L’un d’eux nous avait confié avec fierté.« Comme je pratiquais le maraîchage dans mon village, arrivé à Kongoussi, je me suis dit qu’il n’était pas bien indiqué que je reste à ne rien faire et à compter uniquement sur l’aide humanitaire. C’est ainsi que je me suis approché d’un maraîcher pour obtenir un petit espace à exploiter. Celui-ci est comme un bailleur de fonds. A la clôture de la campagne, il soustrait les dépenses qu’il a injectées et on se partage le reste. Ça fait la deuxième campagne de notre collaboration et j’arrive à m’en sortir bon an mal an.» A l’instar de ce sous-exploitant, ils sont nombreux à se retrouver dans cette posture. Cependant, dans le lot des déplacés internes,il y’a ceux-là aussi qui comptent presqu’exclusivement sur l’aide humanitaire et le soutien de l’entourage. Certains esprits malins ont pris la casquette de déplacés pour s’adonner à la mendicité. Ainsi, on rencontre souvent des gens en circulation ou dans les lieux de commerce tendre la sébile en disant :« Je sollicite votre aide. Je suis un déplacé interne et je n’ai rien pour nourrir ma famille.»
Malgré notre situation de précarité, nous devons travailler à préserver notre dignité. Plaise à Dieu de nous ramener rapidement la paix afin que chacun puisse retrouver son village natal !

La rédaction

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