Selon plusieurs sources, le Kombéré de Ratẽnga a vu le jour à la fin du XVe siècle (vers 1495). Cette vaste chefferie a connu une modification de ses territoires avec la fondation de Rissiam. Suite à des réformes administratives entreprise par l’administration coloniale, elle a perdu la localité de Pobé-mengao, située dans sa partie nord.
Dans un article publié en 2023 dans la Revue Burkinabè des Sciences Sociales, Humaines et des Lettres, Dr Windpouiré Isidore KONSEIBO, explique les péripéties ayant conduit à la modification des frontières internes et externes de Ratēnga. Nous vous proposons un extrait.
«Jusqu’en 1917, l’assimilation avait généré plus de problèmes que prévu avec moins de succès. On peut dire sans aucun paradoxe que le commandant perd toujours le contact quand il cherche à administrer directement les populations locales. Dans l’Est du Yatẽnga(ndlr : cette zone regroupe le Zitēnga, le Ratēnga, le Rissiam et Kirgtēnga) tout comme ailleurs dans le Moogo, de peur d’être réprimés, les sociétés et leurs chefs continuèrent de résister passivement après les campagnes de pacification organisées par l’administration de Ouahigouya. La population locale n’obtempérait pas convenablement à la volonté de l’administration. Pour le gouvernement général de l’AOF, il fallait réviser la façon d’administrer. À l’instar de tout le Moogo où la chefferie politique était très ancrée, il décide d’associer les autorités à l’administration coloniale. Ainsi, des réformes furent faites. Suite à ces réformes, dans l’Est du Yatẽnga, les kombeemba de Zitẽnga, de Ratẽnga, de Risiam furent transformés en cantons. Pour maîtriser davantage les peuples nomades et semi-nomades, des groupements peuls de Todiam et de Diallobe furent créés au sein des cantons. Les anciens kombeemba gardèrent leurs anciennes
capitales qui étaient respectivement Tikaré, Zimtanga et Sabcé. Le
groupement peul de Todiam eut pour capitale Nakindougou (Ratẽnga)
et celui de Diallobe, le village de Zoura dans le Risiam. Celui des Diallobe compte 12 villages disséminés dans les cantons. Le groupement de Todiam est plus important que celui de Diallobe en termes de représentativité. En son
sein, les Peuls ne vivent pas dans des villages distincts de ceux des
Moose. C’est la coexistence pacifique. Les souverains de Zitẽnga, de Ratẽnga et de Risiam prirent le titre de chef de canton et les chefs peuls de Zoura et de Nakindougou des chefs de groupement. Tous répondaient directement de l’administration de Ouahigouya.
En plus du décret portant transformation des kombeemba en cantons et des souverains en chefs de canton, en 1917, l’administration coloniale a, en même temps, procédé à des modifications territoriales.
Le Nord du Ratẽnga (actuelle commune de Pobé-Mengao) fut concédé
à la subdivision de Djibo.
Avec la création des cantons et les reformes y afférentes, voici
dans une carte les nouvelles limites de l’Est du Yatẽnga.»
Extrait de : Windpouiré Isidore KONSEIBO, 2023, «Dynamique des frontières de l’Est du Yatẽnga du début du XVIe siècle à 1917» in Revue Burkinabè des Sciences
Sociales, Humaines et des Lettres,p.p513-514