Dans un communiqué signé le 3 juillet 2023 la présidente du conseil communal des jeunes de Kongoussi a appelé la jeunesse de la commune à une assemblée générale le samedi 8 juillet pour la désignation d’un relais communautaire. Un appel qui a été bien entendu car la grande salle de la mairie qui compte environ trois cent places a refusé du monde. Malheureusement la désignation du relais communautaire n’a pas eu lieu car des incompréhensions ont interrompu le processus.
L’octroi de relais communautaire à la commune de Kongoussi
La commune de Kongoussi a deux relais communautaires, un président et son secrétaire. Ils servent d’intermédiaire et d’interface entre les responsables de la mine et la population. Selon nos informations, les relais communautaires de la commune de Kongoussi ont été désignés parmi un groupe de jeunes qui, en un moment donné, a entravé les activités de la mine d’or de Bissa a travers des manifestations. En 2018, plusieurs jeunes de la ville de Kongoussi qui estimaient que la mine installée dans la province devrait tenir compte de la commune de Kongoussi dans le recrutement de ses agents ont bloqué des engins de la mine d’y accéder. Pour mieux coordonner les revendications, un bureau a été mis en place par les manifestants. Les manifestations ont conduit à l’arrestation de six (6) personnes d’entre elles. Elles ont été déférées à la maison d’arrêt de Kongoussi en mai 2018. À l’issue de ces événements, des pourparlers entre les premiers responsables de la région du Centre-Nord, de la mine et des représentants des manifestants de Kongoussi ont permis l’octroi de deux relais communautaires pour la commune de Kongoussi. Les pourparlers se sont déroulés à Kaya, chef-lieu de la région du Centre-Nord. De retour à Kongoussi les représentants des manifestants ont transmis à la mine les noms de relais communautaire. C’est ainsi que la commune de Kongoussi a bénéficié de relais communautaires tout comme les communes directement impactées par les travaux de la mine comme Sabcé, Guibaré, Mané et Zitenga.
Le début des hostilités au sein d’un groupe
Un des relais communautaire, notamment le président a bénéficié d’un contrat de travail au sein de la mine d’or de Bissa Gold SA. Le groupe a estimé que le président ne peut plus assumer en plus de son contrat, le rôle de relai communautaire. Il faut donc le remplacer par une autre personne et transmettre le procès verbal de la désignation à l’autorité communale pour approbation avant de le faire parvenir à la mine. Malheureusement les voix sont discordantes dans le groupe par rapport au choix du remplaçant du président des relais communautaires. Un procès verbal consensuel ne peut être dressé et faire signer par l’autorité compétente. L’information est portée à la connaissance de l’autorité communale qui a tenté de concilier les positions sans succès. Des membres du groupe se seraient même convoqués chez l’autorité sécuritaire de la commune. Un membre de la délégation spéciale de la commune a été proposé par un membre du groupe en manque de consensus. Ce membre de la délégation spéciale a décliné l’offre. Que faire ?
La prise de responsabilité de l’autorité
La première autorité de la commune de Kongoussi qui a pris connaissance du dossier a décidé que le choix du relai communautaire sera fait à l’issue d’une assemblée générale. Il faut donc passer par le mode de désignation officiel. Le bureau communal des jeunes à travers sa présidence a été mandatée par l’autorité d’organiser la désignation du représentant communautaire. La présidente communale a convoqué alors l’assemblée générale des jeunes de la commune le samedi 8 juillet pour désigner le seul relais communautaire.
La roublardise et le boycott
Le jour-J la mobilisation a été grande à la mairie de Kongoussi en attendant l’heure de la désignation prévue à huit heure trente minutes. Des collaborateurs de certains candidats auraient même convoyé des électeurs acquis à leur cause à bord de triporteurs. Une lecture analytique des regroupements laisse voir les tendances. Certains groupes se dissipent pour créer de nouvelles alliances au regard de la petitesse de leur nombre. C’est digne d’un jeu de dames. Le regroupement par accointances dans l’évolution finira par afficher deux tendances. Même les candidats peuvent se permettre de faire une lecture mathématique de leur situation. L’heure tant attendue est arrivée. La jeunesse est invitée dans la salle. La présidente des jeunes plante le décor. Malheureusement les premières interventions laissent voir déjà une rencontre qui risque d’échouer. La modération devient difficile. La parole n’est plus demandée, elle est arrachée. C’est de la cacophonie. Difficile de contenir la jeunesse en ébullition. C’est ainsi que la décision de reporter à une date ultérieure la désignation du relais communautaire a été prononcée par la présidente de la jeunesse.
Qui peut jouer le rôle d’un relais communautaire ?
La jeunesse de Kongoussi risque de perdre un pain béni que l’autorité lui a tendu. Selon nos investigations le relais communautaire n’est pas forcément un jeune. Il est une personne dotée d’une bonne moralité et désignée par la communauté. Le relais communautaire est une personne résidente et disponible tant que besoin y est. Il ne participe pas aux grèves et ne doit être sous contrat avec la mine. Le relais communautaire partage les informations de la mine sans discrimination en tenant compte du public cible. Il transmet les préoccupations, les plaintes et les propositions pertinentes sans discrimination. Le relais communautaire participe aux rencontres mensuelles et implique toutes personnes ressources de la localité en cas de besoin d’identification ou de changement. Pour terminer il faut retenir que le choix du relais communautaire doit être sanctionné par un procès-verbal et une liste de présence.
✍️ Pascal Sawadogo